La thérapie orientée vers les solutions est une
approche thérapeutique apparue aux Etats-Unis aux débuts des années 80,
principalement à l’instigation de Steve de Shazer.
Steve de Shazer reprochait à l’école de Palo Alto (la
référence à l’époque en thérapie brève), de trop s’attacher aux problèmes du
client (problem focused). Bien sûr
Palo Alto, et à travers cette école Grégory Bateson, avait pour objectif de
résoudre les problèmes des patients, mais de Shazer estimait que le chemin pour
y arriver ne mettait pas suffisamment l’accent sur les solutions déjà présentes
chez la personne en difficulté.
La thérapie brève orientée vers les solutions est donc
un type d’intervention psycho-sociale qui s’appuie sur les ressources et les
solutions présentes chez les personnes en difficultés. Cette approche présente
les caractéristiques suivantes :
La crainte de la cristallisation des problèmes ;
La centration sur les solutions ;
La mobilisation des ressources des patients ;
Le développement de capacités autothérapeutiques ;
La recherche de la
coopération patient-thérapeute.
Eviter la cristallisation des problèmes
Chaque individu, qu’il le veuille ou non, est
engagé dans un processus permanent qui vise à donner un sens à son expérience.
Il est amené à formuler des hypothèses, des présuppositions pour expliquer les
événements qui lui arrivent et les interactions qu’il noue.
Ces considérations sur lui-même, les autres, le
monde qui l’entoure constituent une série de croyances, plus ou moins rigides,
plus ou moins durables, plus ou moins opérantes. Ces croyances, à leur tour,
forment des filtres à travers lesquels nous appréhendons les événements,
événements que ces filtres peuvent sensiblement déformer.
Les personnes vivent leurs problèmes comme étant
des problèmes et veulent généralement que les choses s’améliorent. Evidemment
changer n’est pas simple et exige des efforts, mais en TOVS on considère qu’il
n’y a pas de résistance au changement, pas de déni, pas de bénéfices
secondaires. Il y a différents niveaux de motivation au changement qui
correspondent à nos croyances personnelles sur les possibilités de changement.
La cristallisation du problème est souvent un
facteur qui freine le changement. Cristalliser un problème consiste à figer les
comportements problématiques du fait :
De la maximalisation des comportements
problématiques ;
De la minimalisation des comportements positifs.
A l’opposé, décristalliser consiste à créer un contexte
favorisant l’émergence de solutions. Nous reviendrons plus en détail sur ce
concept fondamental dans une autre leçon.
Se centrer sur les solutions
En thérapie orientée vers les solutions, l’intérêt
est porté aux solutions. Cela signifie que le problème en lui-même intéresse
peu. Ce n’est pas le passé qui monopolise l’attention du thérapeute ni
l’étiologie ou la genèse du trouble, ni même son expression ici et
maintenant ; mais l’avenir, la solution, l’objectif que la personne en
souffrance va se fixer pour aller mieux.
« On n’a pas besoin de connaître le problème
pour y apporter une solution », dit-on en TOVS. Il n’est pas indispensable
d’en savoir beaucoup sur le problème pour le résoudre. Un minimum
d’informations suffit, car, dans certains cas, une accumulation d’informations
peut conduire à un blocage.
Généralement, les personnes en difficulté ont
essayé de résoudre elles-mêmes leur problème. Quand elles y sont parvenues,
elles restent hors du champ thérapeutique. Quand elles n’y parviennent pas,
elles consultent des professionnels pour trouver une aide. La plupart du temps,
les personnes en souffrance se sont elles-mêmes enfermées dans leurs
difficultés à cause d’une vision centrée sur le problème. Un comportement
nouveau peut mettre fin aux mécanismes qui entretiennent le problème et
permettre l’émergence d’une réponse différente.
Mobiliser les ressources
Tout le monde possède un réservoir de ressources.
Certaines d’entre elles sont connues de la personne, d’autres pas.
Le développement d’une vision de soi dominée par
les problèmes masque ces ressources, ces solutions internes.
Un problème peut être recadré différemment et d’une
manière plus profitable pour la personne. Ce recadrage lui offre la possibilité
d’élaborer un sens nouveau sur ce qui lui arrive et ce sens nouveau lui sera
bénéfique.
De plus, il est incontestable qu’une solution
trouvée par le client lui-même est plus efficace qu’une solution venant de
l’extérieur. Elle est plus efficace parce que le client y croit, parce qu’il
l’a peut-être déjà testée auparavant ou pour d’autres raisons sur lesquelles
nous reviendrons.
Devenir son propre thérapeute
Un bon thérapeute ne serait-il pas quelqu’un dont
on peut vite se passer pour aller mieux ? Ce serait un peu la définition
du thérapeute selon les tenants de la thérapie brève, une thérapie qui espère
guérir rapidement. Qui espère rendre à ses clients ses capacités
autothérapeutiques.
Favoriser la coopération
La coopération avec le client est essentielle. Elle
signifie que le client est considéré comme une personne responsable, capable de
se prendre en charge, sujet de communication (même si l’intervenant s’adapte
aux compétences intellectuelles et relationnelles de ses clients dans des
contextes spécifiques, comme le handicap).
En thérapie orientée vers les solutions, on
considère que plus le client est au courant de ce qu’il se passe, plus il sera
actif et plus l’intervention sera efficace. Cette coopération sous-entend que
le thérapeute ne fixe pas seul les objectifs ou les méthodes. Ceux-ci font
l’objet de négociation, d’explications, de discussions.
En thérapie orientée vers les solutions, on ne
considère pas que l’intervenant sache mieux que le client ce qu’il faut faire,
ce qui est bon pour lui. Il possède des techniques pour faire émerger des
solutions. S’il connaît et maîtrise ces techniques, il ignore quelles solutions
elles vont créer.